Vivre la séparation

La séparation à l’heure de la crèche, de l’école, un voyage scolaire, le départ pour quelques jours de papa ou maman pour un voyage d’affaires sont pour les enfants l’épreuve par excellence. Alors comment les préparer à ce moment tant redouté ? Que dire ou faire au moment de la séparation ? Peut-on échapper aux larmes ? Je vous propose de faire le point ici.

Anticiper

Prévenez-le

Vous savez que vous allez partir deux jours pour le travail ? Mamie a prévu de venir le chercher pour passer une semaine de vacances loin de vous ? Vous comptez passer un dîner en amoureux et c’est la première fois que votre petit reste avec la nounou ? Alors prévenez-le ! Dès que vous avez l’information, n’hésitez pas à prévenir votre enfant, il est important qu’il soit informé suffisamment à l’avance, plusieurs fois, pour avoir le temps de se préparer.

Il est vrai que les plus petits n’ont pas la notion du temps, mais une séparation se vit et se prépare à deux. En parlant de cette séparation, vous allez pouvoir parler de vos émotions et écouter celles de votre enfant, vous aurez le temps de trouver des stratégies pour gérer l’absence et rendre cet éloignement moins douloureux.

Jouez à cache cache

Par le jeu du cache-cache le tout-petit apprend en votre présence et sur un temps très court à gérer l’absence et les retrouvailles qui s’en suivent. Le petit aime que vous le cherchiez et aime aussi partir à votre recherche mais l’absence doit être courte et votre cachette facile à trouver.

Lire des livres qui parlent de séparation

Si votre petit fait sa première rentrée par exemple, lisez plusieurs jours avant un livre qui met en scène ce qu’il va vivre : le départ du parent, l’inquiétude de l’enfant, le retour et le soulagement. N’hésitez pas à commenter ce que vivent les personnages, les émotions traversées : la difficulté de la séparation mais aussi les aspects positifs, les activités, des nouveaux enfants avec qui jouer, etc. et surtout les retrouvailles qui ont toujours lieu. Marquez des pauses durant la lecture de façon à ce que votre petit ait le temps nécessaire pour accueillir ce que vit le personnage et surtout qu’il puisse s’exprimer, poser ses questions, mettre des mots sur les ressentis. Relisez le livre après avoir traversé cette première séparation : « toi aussi tu as eu un peu peur quand je suis partie hier, comme le petit Léon de ton livre et tu as vu, comme sa maman à lui je suis revenue, les mamans reviennent toujours ».

Prévoir une période d’adaptation

Aujourd’hui, presque toutes les structures d’accueil du jeune enfant prévoient une période dite «d’adaptation» pour faciliter la séparation. Durant cette période le parent est le bienvenu dans la structure d’accueil, de façon à ce que le petit se familiarise avec ce nouvel environnement auprès de son parent. En général, les périodes d’adaptation s’étendent de quelques jours à deux semaines, voire plus parfois, pour laisser le temps à l’enfant de se sentir à l’aise dans ce nouvel environnement. Votre présence du début se poursuit par des périodes d’absence, courtes dans un premier temps puis de plus en plus longues. Parlez-en avec la crèche, l’assistante maternelle ou l’école afin de savoir ce qui est initialement prévu et ce qui peut être adapté.

S’il s’agit d’une séparation qui ne prévoit pas de période d’adaptation, habituez progressivement votre enfant. S’il est prévu qu’il aille en voyage scolaire ou qu’il passe une semaine chez ses grands-parents, prévoyez de commencer par une nuit chez un copain ou un week-end chez un cousin et d’augmenter peu à peu la durée des absences. Et dans la mesure du possible, prévoyez des séparations qui ne soient pas trop longues par rapport aux capacités de votre enfant.

Préparez la séparation ensemble

Choisir un objet qui fait le lien

Si votre enfant est assez grand, prévoyez ensemble des objets qu’il pourra garder en votre absence et qui lui permettront de se sentir en lien. Un objet vous appartenant (un bracelet, un petit objet que vous chérissez, un foulard, etc.), une photo, un jouet qu’il affectionne, un objet de la maison, un vêtement ou son doudou avec votre odeur ou votre parfum ? Retrouver cet objet choisi ensemble durant votre absence lui rappellera ce moment de partage.

Pour un enfant plus grand, si c’est vous qui partez pour un voyage d’affaires par exemple, vous pouvez laisser à disposition un calendrier avec des cases à cocher jusqu’au jour de votre retour. Vous pouvez aussi confectionner ensemble un petit calendrier comme ceux de l’avent, avec pour chaque jour un petite surprise que vous aurez confectionnée vous-même et qu’il découvrira au fur et à mesure : un petit mot doux, un chocolat, un tout petit cadeau, etc.

Lui faire rencontrer la personne qui s’occupera de lui

Evitez de laisser votre enfant à une personne qu’il ne connaît pas. Les enfants ont besoin de temps pour faire connaissance et pour faire confiance. Si vous êtes amené à laisser votre petit avec quelqu’un qu’il ne connaît pas bien comme la baby-sitter, veillez à ce qu’ils fassent connaissance avant, qu’ils partagent un temps ensemble et qu’ils se préparent mutuellement à votre absence.

Lui expliquer ce qu’il fera en votre absence

Avant la séparation, parlez longuement, plusieurs fois, de ce qui l'attend en votre absence : les gens qu’il va voir, les activités qu’il va faire, les moments de la journée qu’il va traverser, les différents lieux où il va aller, etc. Ces repères concrets l’aident à visualiser en amont ce qu’il va vivre.

Parlez de vos sentiments et accueillez les siens

Ne cherchez pas à cacher vos sentiments pour être « fort » devant votre enfant. Vous êtes triste de le quitter pour un déplacement ? Dites le lui sans vous effondrer, il a besoin de savoir aussi vos vrais sentiments : « je suis triste de te quitter car tu vas me manquer, mais je sais que nous nous sommes préparés, j’ai hâte de te retrouver ». Une fois vos sentiments exprimés, votre enfant sera peut-être plus à l’aise pour exprimer les siens.

La séparation elle-même

Acceptez les pleurs

Ecoutez les émotions de votre enfant car vous ne ferez sans doute pas l’impasse sur les pleurs malgré une bonne préparation. Il a le droit de manifester sa tristesse, sa peur ou même sa colère. Accueillez ce qu’il a à vous dire, restez présent sans chercher à le faire revenir à la raison, votre présence et votre douceur le rassureront bien plus que le simple « ne t’inquiète pas ça va aller ». Pour cela, prévoyez le temps nécessaire pour vous quitter, mettez-vous à sa hauteur, asseyez-vous par terre près de lui pour vous rendre pleinement disponible. Si vous êtes pressé votre enfant le sentira et cela ne facilitera pas la transition.

Toujours dire au revoir

Partir sans dire au revoir évite de se confronter aux pleurs mais l’enfant peut le vivre comme une vraie trahison. Prenez toujours le temps pour l’embrasser, pour un dernier câlin, un dernier au revoir de la main ou un bisou volant. Dites-lui que vous allez revenir et à quel moment auront lieu les retrouvailles. Les enfants n’ont pas la notion du temps, ils comprennent mieux quand le retour est associé à un moment de la journée : « à tout à l’heure ma puce, je viens te chercher après le goûter ».

Restez en lien

Si la séparation est longue, maintenez un contact avec votre enfant. Vous seriez tenté de ne pas téléphoner pour éviter des larmes ? Au contraire, l’enfant a besoin de savoir que vous pensez à lui, que vous l’aimez même si vous êtes loin de lui. En veillant à ne pas appeler à des moments sensibles de la journée comme l’heure du coucher, appelez régulièrement et donnez de vos nouvelles. S’il pleure après votre appel, veillez à ce que la personne qui le garde accueille son émotion et ne réprime pas ses pleurs, il a besoin d’extérioriser. Et s’il est trop occupé pour vous parler, ne le forcez pas, il sait que vous avez appelé et que vous ne l’oubliez pas.

Parlez de l’absent

La personne qui va s’occuper de votre enfant pendant votre absence ne doit pas être mal à l’aise à l’idée de parler de vous. Votre enfant lui évoque des moments heureux ? Cette activité lui rappelle quelque chose que vous avez partagé ensemble ? Il sait que vous n’êtes pas là mais il cherche à maintenir le lien en évoquant des moments de complicité.

A votre retour

Ne vous précipitez pas

Il vous a manqué et vous avez très envie de le serrer dans vos bras? Vous êtes impatient et n’attendait qu’une chose: que la porte s’ouvre pour courir vers lui? Rien de plus normal quand on a été séparés longuement! Mais vous jeter sur votre petit en le couvrant de baisers risque de l’insécuriser. Eh oui même les baisers peuvent insécuriser parfois! Il pourrait ne pas comprendre ce décalage entre son rythme à lui et votre précipitation. Mettez-vous plutôt à sa hauteur, adoptez une position pour l’accueillir et laissez-le venir vers vous. Ne cachez pas votre émotion pour autant bien sûr! La joie et les rires font partie des retrouvailles!

Il est distant

Parfois les retrouvailles peuvent être frustrantes pour le parent. On s’attend à ce que notre petit se jette sur nous à la sortie de la crèche mais il n’en est rien, c’est tout le contraire, il fait carrément la tête. On est déçus et on lui fait savoir? Ou dans le fond aujourd'hui cela nous arrange un peu parce qu’on a bien besoin d’un petit moment de calme? Quel dommage! Nous n’avons pas entendu le message caché! Il est probablement en colère, triste ou inquiet, vous lui avez manqué et c’est sa façon à lui de l’exprimer. Il cherche à vérifier votre amour, vote intérêt pour lui, il cherche à réparer cette absence alors n’hésitez pas à le rassurer : « j’ai très envie qu’on prenne un bon goûter tous les deux et qu’après on lise des livres, ça te dit ? »

Il se met en colère pour rien

A la moindre contrariété votre petit explose ? Il se dispute « pour un rien » avec sa sœur ? Après une journée passée loin de vous, à votre retour, votre petit peut vous réserver sa décharge de tensions par des cris, des oppositions, des pleurs... Il accumule toute la journée des tensions qu’il ne s’autorise pas à exprimer (frustrations, émotions traversées) et trouve avec vous l’occasion de pouvoir enfin les libérer. Il est en confiance avec vous, il peut enfin se permettre à votre côté de libérer tout ce stress emmagasiné. Restez à l’écoute, calme et disponible, votre petit a besoin de vous pour traverser ce moment.

Dans la vie d’un enfant, être séparé de ses parents n’est pas chose simple. Avec une bonne préparation et en restant à l’écoute, vous pouvez aider votre enfant à traverser cette étape. Si les pleurs persistent au-delà d’un temps qui vous semble raisonnable, n’hésitez pas à consulter un professionnel de l’enfant, psychologue ou coach parental pour vous soutenir dans votre démarche.

Par Cecilia Bataller

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