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Poser des limites

Cecilia Bataller



En tant que parents nous sommes responsables de la sécurité et du bien-être de nos enfants. Pour leur enseigner les règles du « vivre-ensemble », ou pour les préserver du danger, nous posons des limites qui se présentent sous différentes formes : « non, pas maintenant, plus tard, je ne suis pas d’accord, ce n’est pas possible, attends, c’est fini, stop, je suis occupé(e), ne fais pas ci, etc ».


Ce cadre que nous imposons est vu comme contraignant par nos enfants et ils peuvent «mal» réagir face à ces refus. Ils pleurent, se mettent à crier, en colère, cherchent à négocier.. et c’est tout à fait normal. Qui aime se voir refuser quelque chose pour la énième fois? Rappelons-nous que nos enfants ne sont pas suffisamment mâtures pour gérer la frustration. Alors soyons rassurés, même si ces moments nous semblent désagréables ou nous mettent parfois mal à l’aise, le comportement que nous observons est tout à fait normal.


Votre petit de 2 ou 3 ans vous réclame une glace avant le repas ? Vous lui refusez et rapidement un conflit s’installe ? Avant même de vous en avoir fait la demande, votre enfant a visualisé cette glace et bien qu’elle soit pour le moment imaginaire, l’image de ce délicieux dessert a déjà déclenché chez lui des réactions physiologiques : il salive, il a créé le désir d’une glace, il se prépare à la déguster. Votre refus déclenche alors chez votre enfant du stress, les hormones du stress sont automatiquement sécrétées par son corps, vous pouvez observer une perte de contrôle de votre enfant : il crie, se roule par terre, vous tape, etc.


Mais alors comment poser une limite ? Comment refuser quelque chose à nos enfants sans déclencher une tempête émotionnelle ? Comment les accompagner à traverser ce moment désagréable ? On fait le point.



Tout d’abord, est-ce bien une demande?


Chaque fois que vous passez devant le carrousel du coin de la rue votre petit vous dit «Oh le manège, le manège ! » ? Alors que vous y êtes allés la veille, vous avez le sentiment qu’il vous demande de vous y arrêter de nouveau et de lui offrir un tour ? C’est possible mais il peut tout aussi bien signifier autre chose : « je vois un manège, j’ai fait du manège hier, j’aime faire du manège, demain je voudrai faire du manège, c’est un manège… ». Les plus jeunes utilisent également « je veux » pour signifier « j’aime, je connais, je prends, je pense à.. », ils utilisent le verbe « vouloir » pour remplacer d’autres termes qu’ils ne maîtrisent pas encore. Essayez de décoder le vrai message de votre enfant, le plus souvent il a surtout besoin d’être écouté.



Quel besoin se cache derrière cette demande ?


À la question «je peux avoir un biscuit?», plutôt qu’un « Non » ferme qui ignore la demande de l’enfant, essayez d’abord de voir si un besoin se cache derrière. Il veut un biscuit mais quelle heure est-il ? Depuis combien de temps n’a-t-il pas mangé ? Veut-il vraiment un biscuit ou essaye-t-il de me dire qu’il a tout simplement faim ?

Dans un premier temps, écouter l’enfant, le comprendre va déjà être une source d’apaisement « Tu as l’air d’avoir faim, c’est bien ça ? Je comprends, il est tard et c’est déjà l’heure de dîner ». S’il s’agit d’un besoin légitime (manger, boire, se reposer, être en lien par exemple), il sera prioritaire d’y répondre.



Proposez-lui une alternative


Vous ne voulez pas lui donner ce biscuit? Alors proposez-lui une alternative ! Lui dire «Attends un peu, on va bientôt dîner» ne va pas permettre à votre enfant de patienter. Si jeune, il n’a pas la notion du temps, attendre cinq minutes lui semble une éternité car il n’a pas acquis les notions temporelles. Pour le faire patienter proposez lui autre chose, qui vous convienne à tous les deux, même si cela sort un peu de vos habitudes : un petit bout de pain ou de fromage, un quartier de pomme ne sont pas mauvais pour la santé et aidera votre enfant à patienter jusqu’à l’heure du repas.



Rêvez avec votre enfant


S’il s’agit bien d’une vraie demande mais que vous ne pouvez pas lui offrir, rêvez avec lui !

« Tu adores le manège ? Moi aussi j’aimais beaucoup ça quand j’avais ton âge ! J’adorais voler avec l’hélicoptère ! Et toi c’est quoi ton préféré ?

La voiture rouge !

Ah oui ? Il y a un volant ?

Oui ! Un volant qui tourne même !

C’est super ça ! Un volant pour conduire! Et tu aimerais aller à la mer ou à la montagne avec cette belle voiture?»

Soyez créatif et joyeux ! Le plaisir que votre enfant va prendre à s’amuser, à échanger, à imaginer avec vous le satisfait bien plus qu’un tour de manège et vous permet de maintenir votre «non».



Proposez des choix


Votre enfant de 5 ans a décidé ce matin de faire du découpage ? Il aime découper ses cheveux ou les rideaux du salon ? A cet âge le cerveau de votre enfant n’est pas suffisamment mâture pour faire preuve d’anticipation, il n’imagine pas un instant qu’avec sa nouvelle coupe de cheveux il aura l’air ridicule ni que la découpe des rideaux ne sera pas de votre goût. Avant 4 ans l’enfant ne se préoccupe pas des conséquences de ses actions et ne voit le problème que dans votre réaction lorsque vous découvrez le pot aux roses! Alors afin d’éviter toute situation à risque, proposez des choix : « je vois que tu as envie de découper, tu peux découper du papier ou du carton, qu’est-ce que tu préfères ? »



Evoquez le comportement désiré plutôt que l’interdit


En formulant un interdit tel que « ne cours pas dans la descente » nous évoquons dans le cerveau de l’enfant l’image de ce qu’il ne doit pas faire, à savoir courir dans la descente. Cependant les enfants vont justement agir selon l’image que nous avons suscité dans leur cerveau ! Sans le vouloir, nous lui demandons le contraire de ce que nous voulons. Il sera bien plus efficace de parler sur un mode affirmatif, de donner une information ou de poser une permission plutôt que de formuler une interdiction : « dans la descente tu marches, on se donne la main quand on traverse la rue, ton bavoir reste sur la table (plutôt que « ne jette pas ton bavoir par terre »).



Faites-le réfléchir


Dans bon nombre de situations, nous posons des interdits à nos enfants face à un comportement inapproprié. Cependant, si les limites que nous posons nous semblent évidentes, elles ne le sont pas pour nos enfants. Par des questions ouvertes nous pouvons les aider à réfléchir sur leurs attitudes, les responsabiliser, favoriser l’autodiscipline plutôt que de poser un interdit qui risque d’être transgressé une fois le dos tourné !

Votre enfant monte sur la table ? S’il n’y a pas de danger immédiat qui impose une intervention rapide de votre part, posez-lui des questions ouvertes! Voici quelques exemples (mais pas tous à la fois !) :

Qu’est-ce que tu faisais sur la table ? Qu’est-ce qui peut se passer quand on monte sur une table ? Où est-ce que tu aurais pu tomber ? Si tu étais tombé, qu’est-ce qui se serait passé ? etc.



Refusez en accueillant l’émotion


S’il s’agit bien d’une demande et que le désir exprimé ne dissimule pas un besoin, si votre refus est légitime, si la frustration née de votre refus ne s’apaise pas malgré vos stratégies, il est utile de savoir refuser tout en accueillant l’émotion. L’enfant vit une frustration intense et éprouve maintenant de la colère. Il a le droit de ressentir cette émotion et de vous l’exprimer ! La colère est une émotion naturelle, saine qui doit être acceptée au même titre que la joie ou la tristesse. A vos côtés, il va se sentir libre de ressentir ce qui le traverse et va apprendre à accepter ces frustrations « c’est vrai, c’est très frustrant de ne pas avoir ces bonbons, c’est frustrant de ne pas avoir ce que tu veux ». Dans ces moments intenses restez disponibles, calmes, prenez votre enfant dans les bras s’il se laisse approcher ou restez simplement présent(e) par le regard. Par un effet miroir votre enfant retrouvera doucement son calme et pourra passer à autre chose.



Et n’oubliez pas la communication !


Refuser une demande ou poser une limite sera toujours mieux accepté si l’échange se fait dans le calme et la douceur. Un « non » autoritaire ne sera pas plus efficace, bien au contraire! Le manque d’empathie et d’écoute favorisera davantage l’opposition que le refus lui-même.


Par Cecilia Bataller


 

Vous vous reconnaissez dans cette problématique ? Vous souhaitez poser un cadre en douceur et avez besoin de conseils personnalisés ? N’hésitez pas à me contacter pour voir en quoi et comment je peux vous aider.


Infos et rdv: info@leurpetitmonde.fr

Web: leurpetitmonde.fr

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