Mon enfant ne m'écoute pas!
- Cecilia Bataller
- 1 mai 2021
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 avr. 2024

« Mon enfant ne fait pas ce que je lui demande, il ne m’écoute pas quand je l’appelle, il s’oppose, etc. ». La question de l’obéissance travaille beaucoup les parents et pour cause ! Nous voulons le meilleur pour nos enfants, nous les voulons bien élevés, adaptés à leur environnement, nous aimerions qu’ils se comportent bien à la maison mais aussi à l’extérieur, à l’école, chez les copains, etc. Nous voudrions qu’ils écoutent lorsque nous leur donnons des conseils, qu’ils rangent leur chambre quand nous leur demandons, qu’ils aillent se coucher quand c’est l’heure, etc. Simplement voilà, la réalité est toute autre et lorsque vous exigez quelque chose de votre enfant, il s’oppose fermement ou bien il entre dans une apparente passivité, déconnecté de ce qui l’entoure.
Mais alors que se passe-t-il ? Pourquoi tant de résistance ? Est-ce normal que mon enfant ne m’obéisse pas ? C’est ce que nous allons chercher à comprendre dans cet article.
Un enfant qui va bien ne se plie pas aux ordres
Pour pouvoir coopérer, toute personne (enfant inclus) a besoin de savoir pourquoi il devrait obtempérer à un ordre. Nous avons tous besoin de comprendre ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons. Nous avons tous besoin de pouvoir être libre de faire ou non, sans se sentir contraint ni forcé. Personne n’aime être commandé, personne n’aime répondre à un ordre sous la menace. Et l’enfant n’échappe pas à la règle. Un enfant qui va bien est donc un enfant qui ne se plie pas aux ordres aveuglément mais qui cherche à comprendre, c'est un enfant qui n’est pas soumis.
Pour coopérer et « bien se comporter » l’enfant a besoin de guides : des adultes bienveillants, empathiques, soutenants et PATIENTS, qui montrent l’exemple. Nous sommes des modèles pour nos enfants, ils nous observent en permanence et s’imprègnent de ce que nous incarnons au quotidien. En tant qu’adultes, nous savons que de nombreuses années sont nécessaires pour devenir un enfant puis un adulte responsable. Le cerveau de l’enfant étant immature, nous ne pourrons pas toujours obtenir de lui ce que nous voulons, la patience est le maître mot !
La politesse
Saluer la voisine croisée à l’ascenseur, remercier le commerçant, savoir dire «pardon» ou «s’il te plaît» sont des compétences sociales que l’enfant acquière à mesure qu’il grandit. Lorsque l'enfant commence à parler et à bien se faire comprendre, nous attendons de lui qu’il se montre poli envers son entourage. Cependant, dire «pardon» sans véritable remord ou un «s’il te plaît» s’apparentant davantage à une exigence qu’à une demande de faveur n’est pas non plus souhaitable. En effet, ressentir le besoin de s’excuser, vouloir dire bonjour, comprendre qu’une situation mérite un remerciement relève de compétences émotionnelles que l’enfant est en train de développer. Exiger que l’enfant dise ces mots en toutes circonstances n’est pas réaliste et risque de créer des drames inutiles.
Alors que faire ?
Montrer l’exemple ! Si dès le plus jeune âge votre enfant est habitué à ce que l’on s’adresse à lui respectueusement, avec l’emploi de ces formules, il les adoptera tout naturellement au bout d’un certain temps, variable selon chaque enfant. Pensez également à votre façon de communiquer (sourire, regard, gestuelle) avec vos voisins, vos amis, votre conjoint, en voiture, au supermarché, etc. qui influe sur les réponses de votre enfant.
Et surtout ne le forcez pas, il serait contreproductif d’éduquer au respect en manquant de respect. Dites bonjour à la voisine à sa place ou remerciez pour lui si besoin et prenez le temps plus tard d’échanger avec lui autour des formules de politesse attendues.
Le petit n’a pas la notion du temps
C’est la troisième fois ce soir que vous criez depuis le salon : « Au bain Victor ! » mais votre petit Victor ne réagit pas. Jusqu’à 5 ou 6 ans, l’enfant n’a pas la notion du temps, cela est lié à son immaturité cérébrale. Le jeune enfant est entièrement dédié à l’activité qui l’occupe, il vit avec intensité le jeu qu’il mène. Lorsque nous faisons irruption à ce moment-là et lui demandons d’aller prendre son bain, nous dérangeons par notre interruption. Contrairement à nous l’enfant n’est pas pressé, il vit le moment présent et se sentir bousculé le stresse. L’enfant qui n’obéit pas ne fait pas preuve de mauvaise volonté mais est tout entier absorbé par la tâche qu’il mène.
Alors que faire ?
Avoir un contact physique pour extraire l’enfant de « son monde ». Une main sur l’épaule, une voix calme pour expliquer ce qu’on attend de lui suffiront. Si vous êtes d’humeur ludique, vous pouvez entrer dans le jeu, y participer avant de formuler votre demande. L’enfant acceptera plus facilement votre proposition s’il a eu le temps de terminer ce qu’il était en train de faire.
Il arrive aussi que les enfants refusent d’arrêter leur activité bien que vous les ayez prévenus en avance « on passe à table dans 10 minutes ». Même si votre petit a entendu votre consigne, il sera tout de même frustré au bout de ces 10 minutes car encore une fois la notion du temps n’est pas acquise. Pour l’aider à réaliser le temps de jeu qu’il lui reste, vous pouvez utiliser un Timer, une sorte de minuteur programmable qui permet de mesurer le temps qui s’écoule par un système de couleur et qui déclenche une alarme une fois le temps écoulé. L’enfant peut se référer à ce Timer pour mesurer le temps qu’il lui reste avant de devoir arrêter son jeu, de partir pour l’école, etc. et cela évite bien des frustrations. Pour intégrer le petit dans cette démarche, vous pouvez le laisser lui-même programmer le Timer, vous pouvez également convenir ensemble du temps qu’il reste avant d’aller prendre le bain par exemple.
Voici une série de questions qui peuvent être posées à l’enfant et qui l’intègrent dans cette prise de décision : « C’est bientôt l’heure du bain mon chéri, je vois que tu es en train de jouer aux voitures, de combien de temps as-tu besoin pour terminer ton jeu ? 10 ou 15 minutes ? Tu as besoin du minuteur pour te rendre compte du temps qu’il te reste ? C’est toi ou c’est moi qui le programme ? ». L’idée bien sûr n’est pas de poser toutes ces questions à la suite mais de construire un dialogue avec l’enfant. Il acceptera beaucoup plus facilement votre demande s’il participe à la prise de décision. Si malgré cela votre enfant n’est toujours pas d’accord pour arrêter son activité, rappelez-lui calmement que c’est lui qui a décidé du temps dont il avait besoin pour terminer son jeu et que le minuteur a sonné et donc qu’il est temps de prendre le bain. Veillez bien sûr à ce que le temps choisi ne soit pas trop court, votre petit pourrait vous avoir dit spontanément avoir besoin de 3 minutes pour terminer sa partie de jeu, ce qui est bien trop court pour réellement terminer une activité, 10 minutes me semblent être plus raisonnables.
Pour susciter la coopération
Au cours d’une journée, un enfant entend une multitude d’ordres ou d’interdictions qui, comme nous venons de le voir, peuvent être ignorés et qui nous parents nous épuisent par leur répétition. L’enfant a besoin de faire par lui-même, il a besoin de se sentir acteur. Lorsque vous lui demandez d’obéir à un ordre, il s’oppose car il protège son identité. Obéir c’est ne pas réfléchir, c’est être soumis. Cependant, nous voulons tout de même que nos enfants fassent ce que nous leur demandons. Mais alors comment susciter leur coopération? Comment formuler une demande sans passer par les injonctions ?
Favoriser l’autonomie
Pour éviter de donner des ordres, nous pouvons installer des suites de gestes, une sorte de routine pour des situations bien spécifiques : quand je rentre de l’école j’enlève mes chaussures, je range mon manteau et je me lave les mains. Vous pouvez créer avec votre enfant une petite affiche qui rappelle les différentes actions à mener au retour de l’école et que vous collerez près de la porte d’entrée. Cette affiche permettra à votre enfant de s’y référer seul, de façon autonome, elle n’est pas destinée à servir de recadrage si votre enfant a oublié quelque chose.
En cas d’oubli (ce qui est fort probable vu son âge !) rappeler ce qui reste à faire par une formule telle que « Tu as oublié de ranger tes chaussures » risque plus de susciter l’opposition que la coopération. Rappeler l’oubli en pointant ce qui a déjà été accompli sera plus efficace : « Tu as enlevé tes chaussures, ton manteau est rangé et tes mains sont propres, merci Laurent ! Dès que les chaussures seront dans le placard on ira prendre le goûter ». Parfois un simple mot suffit « les chaussures » ou bien « Oh ! Je vois des chaussures dans l’entrée ».
Vous pouvez également installer des associations telles que «casque quand je fais du vélo», «bottes quand il pleut», «chaussures à scratchs pour l’école» etc. En faisant réfléchir votre enfant sur ce qu’il fait et que vous lui offrez un espace de décision, vous lui proposez de devenir responsable. En trouvant la réponse par lui-même, votre enfant sera plus coopératif :
« Tu prends ton vélo ou on y va en marchant ? Mon vélo !
Et quand tu prends ton vélo, de quoi as-tu besoin pour te protéger la tête ? De mon casque !
Tu veux le mettre avant ou après ton manteau ? Après. »
Favoriser les consignes plutôt que les interdits
Les interdits ne favorisent pas la coopération. Les permissions ou les simples informations sont plus efficaces. Formuler le comportement que nous souhaitons observer aide l’enfant à visualiser ce que nous attendons de lui et donc à coopérer.
Plutôt que «Ne tire pas la queue du chat!»
Essayez «Le chat aime quand on le caresse comme ça.»
Plutôt que «Ne cours pas dans la pente!»
Essayez «Dans la pente on marche.»
Les questions ouvertes pour favoriser l’autodiscipline
L’autodiscipline permet à l’enfant de prendre la bonne décision par rapport à la situation dans laquelle il se trouve même si son parent n’est pas présent. Pour la favoriser rien de tel que les questions ouvertes qui font réfléchir l’enfant. Par des questions, on aide l’enfant à mener une réflexion, à comprendre en quoi cette décision est la bonne et donc à réitérer ce comportement. Imaginons qu’un enfant soit en train de sauter avec énergie sur son lit mezzanine et que cela ne nous convient pas, nous aurions tendance à lui dire « ne saute pas sur ton lit tu vas tomber» ou bien « descends de là s’il te plaît » mais nous ne lui permettons pas de réfléchir en quoi ce comportement pose souci. Nous pourrions l’aider en lui demandant par exemple :
« Qu’est-ce qu’on fait normalement dans un lit ?
Et toi qu’est-ce que tu y faisais ?
Qu’est-ce qui peut se passer si tu tombes de cette hauteur ?
Où est-ce que tu pourrais sauter ailleurs que sur ton lit ? »
Favoriser la relation
Parfois, malgré vos tentatives bienveillantes, votre enfant refusera de coopérer. Vous passez à table et il ne veut pas arrêter son livre préféré ? Vous lui avez fourni le temps nécessaire pour terminer sa lecture mais il reste absorbé et ne veut pas s’arrêter ? Connectez-vous à son monde et intéressez-vous à ce qu’il fait « Tu lis l’histoire de Spiderman, je t’ai vu la lire plusieurs fois cette semaine, ça a l’air vraiment chouette. » Puis une fois la connexion établie formulez votre demande : « Je sais que tu aimerais continuer ta lecture mais le repas est chaud sur la table, on est déjà installés» et accueillez ses sentiments « tu es déçu de ne pas terminer ton livre maintenant c’est ça ? » Il a le droit d’être déçu voire fâché, qui ne le serait pas ? En mettant des mots sur ses émotions, votre enfant voit que vous n’ignorez pas sa réalité, il se sent compris et c’est là que vous pouvez proposer une recherche de solutions : «ça te dirait qu’on mette un marque page ici et qu’on le lise ensemble après le dîner ? Tu pourras me raconter le début que je ne connais pas, qu’est-ce que tu en penses ?»
Et si malgré tout, votre enfant ne coopère pas, restez cohérent, maintenez votre demande avec douceur: «le repas est sur la table mon chéri, avec papa nous allons dîner. Je t'informe simplement, qu'une fois le repas terminé, papa et moi débarrasserons la table et je n'envisage pas de préparer un autre repas. Je te laisse donc voir avec ton estomac si tu as faim, si c'est le cas tu es le bienvenu».
Quelle que soit la méthode que vous choisirez, gardez toujours une voix calme. Si votre ton trahit votre agacement, si votre enfant vous sent pressé ou énervé malgré l’emploi d’une communication bienveillante, il risque de ne pas vous écouter. Votre gestuelle, votre regard font partie de la communication, et l’enfant sait lire entre les lignes.
En favorisant une communication bienveillante, vous obtiendrez une plus grande coopération. Chaque enfant étant unique, à vous d’adapter ces méthodes au rythme et au tempérament de votre enfant. Avant que cela ne devienne une habitude voire naturel pour vous, il vous faudra certainement un peu de pratique et cela est bien normal ! Ne vous découragez pas !
Par Cecilia Bataller
Vous vous reconnaissez dans cette problématique ? Votre enfant s’oppose et cela vous épuise ? Vous avez besoin de conseils personnalisés ? N’hésitez pas à me contacter pour voir en quoi et comment je peux vous aider.
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