Les colères sont courantes dans la vie du petit : cris, pleurs, objets jetés, coups de pieds, tapes, morsures.. sont des moyens qu’utilise l’enfant pour s’exprimer quand quelque chose ne va pas pour lui. Aussi soudaines qu’inattendues, ces tempêtes émotionnelles semblent partir de rien : une tour de cubes qui ne veut pas tenir debout, une étiquette qui gratte, un tee-shirt qu’il n’arrive pas à enlever seul, le mauvais biscuit pour le goûter…et c’est le drame !
Vous avez le sentiment que ces réactions sont exagérées ? Disproportionnées par rapport à ce qu’il vient de se passer ? En effet les colères des enfants sont bruyantes, violentes, désarmantes souvent mais … normales ! L’enfant ne sait pas gérer ses émotions, ses réactions impulsives de colère voire d’agressivité ne sont pas volontaires mais sont des réactions non intentionnelles que l’enfant ne peut pas contrôler. Son cerveau est encore immature et réagit ainsi lorsqu’il est traversé par une émotion intense (frustration, contrariété, contrainte, etc.). Jusqu’à 5/6 ans l’enfant ne peut pas analyser la situation et se raisonner, ses émotions provoquent en lui, de façon totalement involontaire, des moments de colères intenses, des gestes violents. Ces épisodes impulsifs diminuent et se raréfient vers les 7 ans de l’enfant, le fameux « âge de raison ».
Mais alors, comment gérer ces moments intenses ? Que faire face à un enfant qui jette ses jouets, tape ou mord ?
Au cœur de l’émotion
Apaiser l’enfant
La règle numéro un sera de garder son calme. Adopter une attitude bienveillante, empathique permettra à l’enfant de s’apaiser par l’effet des neurones miroirs. Il est primordial ici de ne pas se laisser contaminer par l’émotion de l’enfant, de parler d’une voix douce, de rester présent, disponible. Idéalement, se mettre à la hauteur de l’enfant, s’asseoir près de lui et maintenir un contact visuel : l’enfant sait que vous êtes là pour lui, que vous l’écoutez dans sa détresse. Si cela est possible, vous pouvez le toucher, le prendre dans vos bras. Si au contraire, il ne se laisse pas approcher, maintenez votre distance mais restez présent, il sait que vous êtes là, que vous ne le laissez pas seul avec son émotion.
Sécuriser l’environnement
Si la colère de votre enfant est telle qu’il se met en danger lui ou les autres, sécurisez les lieux. Enlevez tout objet qui pourrait faire mal, séparez les enfants si besoin. Si l’enfant a des gestes agressifs, l’arrêter mais en douceur sans lui faire mal, sans le dévaloriser. N’utilisez surtout pas la violence contre la violence, cela ne ferait qu’aggraver la situation et l’enfant ne comprendrait pas votre réaction, il a besoin d’être compris et apaisé.
Pas de commentaires
A cette étape, l’enfant n’est pas en capacité physique de vous écouter, il est tout entier orienté vers la colère qu’il cherche à exprimer. Son émotion l’envahit, les hormones du stress le submergent et son cerveau immature ne peut pas gérer seul cette épreuve, il a besoin de vous pour retrouver son calme et seulement après vous pourrez revenir sur ce qu’il vient de se passer.
Une fois l’émotion passée
Parler des émotions
Lors d’émotions fortes, l’enfant est submergé par ces dites émotions et ne maîtrise plus la situation. Afin qu’il comprenne ce qui lui arrive, l’adulte peut l’aider en l’incitant à évoquer la situation vécue.
En relatant l’expérience, l’enfant se remémore les détails factuels de façon chronologique et les émotions/sensations ressenties en ces instants. Ainsi, l’enfant va pouvoir mettre des mots sur ses émotions, les nommer et ainsi les apprivoiser et se calmer « Tu étais très en colère parce que j’ai regardé ton dessin alors que tu voulais me faire une surprise, est-ce que c’est ça ? Tu as été déçu de ne pas pouvoir me faire cette surprise, c’est bien ça ?»
Accepter l’émotion mais pas le comportement
Accepter l’émotion ne veut pas dire accepter le comportement. Si toutes les émotions doivent être écoutées (toutes, même les moins agréables), tous les comportements ne sont pas acceptables. Nous allons guider l’enfant, l’aider à adopter des comportements acceptables dans lesquels il pourra s’exprimer sans blesser l’autre ni se faire mal : « Tu étais très en colère parce que j’ai regardé ton dessin alors que tu voulais me faire une surprise, est-ce que c’est ça ? Je comprends que tu sois en colère mais même si on est très en colère, on ne tape pas. Je te fais confiance, je suis sûre que tu vas y arriver».
Autres moyens d’expression de la colère
Une fois l’émotion passée, n’hésitez pas à en rediscuter plus tard avec votre enfant pour voir quels autres moyens d’expression il peut adopter. Faites une liste avec lui de ce qu’il est possible de faire lorsque la colère l’envahit : courir, sortir faire un tour, s’isoler et souffler un bon coup (ou écouter de la musique, se défouler en dansant, etc), faire un câlin, se cacher (derrière le fauteuil, sous une couette, etc), gribouiller, faire du coloriage, déchirer de vieux journaux, etc. A chacun sa méthode pour retrouver le calme ! Vous pouvez mettre ces idées sur papier, en dessin par exemple pour rendre le tout plus ludique.
En amont
Intégrer les règles
Pour aider votre enfant à intégrer les mesures prises ensemble, vous pouvez prendre quelques minutes, le matin par exemple, pour leur expliquer qu’aujourd’hui, comme tous les jours, des émotions vont être traversées, certaines agréables comme la joie, d’autres moins comme la colère par exemple. Vous pouvez lui demander de remémorer quelles « méthodes » sont à sa disposition pour exprimer sa colère, vous pouvez reprendre ensemble l’affiche que vous aurez faite ensemble, et parler autour de ça. Pas de leçons de morale ici mais plutôt un échange bienveillant et empathique.
Identifier la cause
Observez votre enfant, discutez avec lui, avec la maîtresse, la crèche, etc. Se poser certaines questions peut aider à comprendre ce qu’il se passe chez son enfant : ses besoins sont-ils satisfaits? Vit-il un changement ces derniers temps? Le rythme familial a-t-il évolué? Nous allons rester à l’écoute et chercher à décoder ce qui se cache derrière ces épisodes impulsifs. Si l’enfant a faim, soif, est fatigué ou se sent seul il y a de fortes chances pour qu’il adopte un comportement peu satisfaisant. Bien identifier les besoins de nos enfants va nous permettre d’anticiper certaines situations à risque, nous allons parfois aménager le terrain en amont pour nourrir le besoin avant même qu’il n’apparaisse et réduire ainsi les situations conflictuelles.
Si vous en avez la possibilité, essayez de repérer le moment de la journée auquel surviennent les colères de votre enfant. Il sera plus facile d’identifier la cause si elles ont lieu tous les jours au même moment et vous pourrez ainsi prendre les mesures nécessaires pour éviter qu’elles ne surviennent.
Gardons également en tête qu’un enfant particulièrement sensible ou émotif sera plus susceptible d’avoir des colères.
De façon générale
Attitudes à éviter
Crier, menacer, dévaloriser « tu es méchant, ce n’est pas bien de taper », contraindre, se mettre en colère, faire les gros yeux sont des réactions que l’adulte serait tenté d’adopter en se laissant contaminer par l’émotion de l’enfant. Dans ces cas-là, l’enfant l’imitera et les signes d’agressivité du petit persisteront. C’est un cercle vicieux qui s’installe et seul l’adulte a la possibilité d’y mettre fin. L’enfant apprendra à contrôler ses émotions et ses impulsions si autour de lui les adultes le comprennent, le soutiennent, et l’aident à s’exprimer.
De la même manière, des phrases telles que « réfléchis à ce que tu viens de faire » isolent le jeune enfant et ne le guident pas vers une attitude acceptable, il n’est pas encore capable de mener un raisonnement d’un bout à l’autre. Ainsi, demander à un enfant de mener une réflexion sur son attitude ne fera pas évoluer la situation, il ne peut pas analyser seul ce qu’il s’est passé ni même prendre du recul.
Partager du temps ensemble
S’investir dans la relation et trouver du temps pour jouer, lire, discuter, partager avec son enfant permet de nourrir le lien et de réduire le nombre de conflits. Véritables anti-stress, ces moments de partage, d’amour et d’affection vont apaiser l’enfant, réguler son état émotionnel et lui permettront de réduire la fréquence des colères.
Par Cecilia Bataller
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