Votre enfant a à peine 18 mois, 2 ans, et déjà il s’oppose à tout et veut tout décider ? Quoi que vous lui proposiez il refuse, le « non » est systématique et cela vous agace ? Il vient d’entrer dans la période du NON !
C’est un âge difficile pour les parents qui jusque-là avaient l’habitude de décider pour l’enfant. C’est un âge où nous avons tendance à croire que nos petits s’opposent par principe, pour tester nos limites ou nous pousser à bout. Et pourtant il n’en est rien ! Les enfants de cet âge traversent une étape fondamentale de leur développement, elle est normale et même nécessaire ! Nous allons chercher à comprendre ce qu’il se passe pour eux afin de les accompagner le plus sereinement possible.
Une étape nécessaire vers l’autonomie
Vers 18 mois, l’enfant a enfin une bonne maîtrise de son corps, il se déplace, cherche à explorer le monde qui l’entoure, il s’approprie son environnement par les nombreuses expériences qu’il mène. Mais il est également confronté à ses limites, son corps ne répond pas encore à tous ses besoins de mouvement, sa motricité fine ne lui permet de faire exactement comme il veut, etc. C’est un âge de grandes frustrations !
C’est aussi un âge où l’enfant prend conscience d’être une personne à part entière, qui peut décider par et pour elle-même. Il comprend qu’il n’est pas le prolongement de son parent mais qu’il est bien quelqu’un d’autre avec son propre corps et sa propre volonté. En s’affirmant par le « non », l’enfant développe la conscience de lui-même, il cherche à se différencier de son parent, il cherche le chemin de l’autonomie.
Cette période est plus ou moins longue selon les enfants, de quelques semaines à plusieurs mois, voire plus ! L’enfant prendra le temps qui lui est nécessaire pour consolider son identité, intégrer l’idée « je suis moi, je ne suis pas toi » puis cessera naturellement de recourir au «non» systématique. Cela ne veut pas dire qu’il ne s’opposera plus jamais ! Bien au contraire, il grandit et comme toute personne, il voudra se faire respecter, faire accepter ses choix et cela est bien naturel. Mais gardons en tête qu’un enfant qui n’a pas la possibilité de s’affirmer, à qui on refuse la différenciation risque de voir sa phase d’opposition s’installer.
Comment traverser cette période ?
Sachant qu’il s’agit d’une phase pour se différencier et non pas pour s’opposer à proprement parler, nous allons aider l’enfant à répondre à son besoin d’autonomie, à construire sa toute nouvelle identité.
Maintenir les routines
Une fois qu’elles sont installées, l’enfant accepte les routines et les respecte volontiers. Les suites de gestes ou les rituels du coucher permettent à l’enfant d’accepter un enchaînement d’actions sans avoir à lui donner d’ordres. Il sait ce qu’il attend, il n’y a pas de surprises et cela le rassure. Il est possible que certains jours il veuille faire autrement mais il est plus simple pour nous parents de rappeler ou de lui demander « ce qu’on fait d’habitude pour aller au lit » plutôt que de donner une série d’ordres. Voici deux rituels qu'il est possible de mettre en place au quotidien:
En rentrant à la maison : manteau/chaussures rangés – lavage de mains – goûter
Rituel du coucher : bain – dîner – lavage de dents – lecture de 2 livres
Adoptez une communication bienveillante
La façon dont nous allons demander quelque chose à notre enfant va influencer sa réponse. Personne n’aime recevoir un ordre sous la menace ou sentir une pression de la part de celui qui fait la demande. Connectez-vous par le regard, adaptez le ton de votre voix, gardez les formules de politesse même avec les tout-petits. En faisant preuve de bienveillance, vous obtiendrez bien plus de coopération que sous la pression.
L’enfant est ancré dans le présent, bien souvent absorbé par l’activité qu’il mène. Si vous avez le sentiment qu’il ne vous écoute pas quand vous l’appelez ou lui demandez de faire quelque chose, établissez un contact physique, touchez-lui le bras ou l’épaule pour le soustraire de sa tâche et obtenir son attention.
Et si vous en avez la possibilité, entrez dans son monde quelques instants pour établir le contact avant de formuler votre demande « coucou mon chéri, tu joues aux blocs je vois, tu as monté une tour là c’est ça ? Ca te dit qu’on en fasse une autre à côté tous les deux ? Et juste après on va dîner, le repas est sur la table ».
Poser des questions
En interrogeant l’enfant, en le faisant réfléchir, vous allez éviter un bon nombre d’opposition. L’enfant cherche l’autonomie et à être responsable. En lui proposant de penser, d’anticiper, de prévoir, en l’aidant à mener une réflexion, l’enfant ne se voit plus comme contraint et soumis, il existe par lui-même et coopère davantage. En posant des questions, en installant des associations (bottes quand il pleut, maillot de bain pour la piscine, casque pour faire du vélo, etc) vous lui proposez de participer à une prise de décision :
Au lieu de : Essuie tes mains, tu as du chocolat partout.
Essayez: Qu’est-ce que tu as sur tes mains ? - Du chocolat !
Et quand on a les mains pleines de chocolat, qu’est-ce qu’on fait ? - On nettoie !
Tu préfères te laver les mains dans la salle de bain ou prendre une petite lingette ?
Au lieu de : Mets ton casque si tu prends ton vélo
Essayez: Tu emmènes ton vélo ou ta poussette ? - Mon vélo !
Et quand on fait du vélo, de quoi a-t-on besoin pour se protéger la tête ? - D’un casque !
Tu veux le mettre avant ou après ton manteau ? - Après.
Laisser l’enfant décider
Pas de tout bien sûr ! Mais permettre à votre enfant de décider ne serait-ce que d’une toute petite chose lui permettra de se sentir acteur, il aura le sentiment de prendre part à une décision. Reconnu dans ses choix, l’opposition n’a plus lieu d’être.
Vous pouvez procéder par choix : « Par quel chemin veux-tu passer pour rentrer à la maison, celui-là ou celui-là ? » Ou poser des questions ouvertes : « A quoi veux-tu jouer ? – Qu’est-ce que tu veux pour le dessert ?»
Informer
Donner des informations plutôt que des ordres évite à l’enfant de se sentir contraint. Il n’a donc plus besoin de s’opposer.
Au lieu de : Allez on traverse !
Essayez : Le bonhomme est vert.
Au lieu de : Dépêche-toi !
Essayez : Mamie vient te chercher dans 5 minutes.
Jouer pour faire baisser la résistance
Les enfants savent cultiver la joie dans tout ce qui leur est proposé. Faire arrêter son petit pour lui demander d’aller au bain, de se laver les dents ou même de mettre la couche n’est pas toujours chose facile. Pleinement investi dans son jeu, le petit s’oppose à faire ce que vous lui demandez ! Faites de ces instants des moments de jeu, il adhèrera volontiers à ce que vous lui proposez si vous lui apportez de l’amusement. Proposez-lui d’aller jusqu’au bain en marchant à l’envers, en sautant à cloche-pied, en imitant une voiture de course, votre imagination trouvera bien des idées ! Faites parler « les microbes » qui sont dans la bouche de votre enfant ou la brosse à dent elle-même quand il se lave les dents…
Nourrissez la relation
Pour pouvoir coopérer l’enfant a besoin d’être en lien avec son parent, de partager des moments avec lui, de jouer, d’échanger, d’être câliné, etc. Une relation qui n’est pas nourrie affectivement est à l’origine de nombreuses difficultés.
Lâchez prise
Et si malgré toutes vos tentatives, votre enfant s’oppose fermement, apprenez à lâcher prise ! Votre image de parent ne sera pas abîmée pour autant ! L’opposition à cet âge est tout à fait normale et comme nous l’avons déjà dit, elle est même nécessaire. Essayez plutôt de voir du côté des besoins, si quelque chose l’empêche aujourd’hui de coopérer : est-il fatigué ? Avez-vous suffisamment nourri la relation aujourd’hui ? Dernièrement ?
En cas de larmes, ne vous laissez pas envahir par le stress et rappelez-vous la période que votre petit est en train de traverser, ce n’est pas contre vous qu’il en a, il cherche à se construire, cela vous aidera à relativiser et à gérer la situation efficacement. Prenez-le dans vos bras, laissez-lui la possibilité d’exprimer ce qui ne va pas, en pleurant ou en criant. Votre présence calme et bienveillante l’aidera à se calmer et à traverser ce moment.
Par Cecilia Bataller
Vous vous reconnaissez dans cette problématique ? Votre enfant s’oppose et cela vous épuise ? Vous avez besoin de conseils personnalisés ? N’hésitez pas à me contacter pour voir en quoi et comment je peux vous aider.
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