top of page
Rechercher

L'importance du jeu chez l'enfant

Cecilia Bataller


Le jeu est indispensable dans la vie de l’enfant, c’est une part importante dans le déroulement de sa journée. Jouer c’est le plaisir de découvrir et donc la possibilité de se construire, de grandir.


Rire, s’amuser, se taquiner, tous les jours, suffisamment longtemps a un rôle vital pour l’enfant. Le jeu et la joie qui l’accompagne participent à la croissance de certaines régions de son cerveau. Le temps que l’enfant passe à jouer est un vrai plaisir pour lui mais c’est aussi indispensable pour son développement.



Le jeu pour comprendre le monde


Une découverte de soi et de l’autre

Les jeux ont un intérêt pour l’enfant car ils lui permettent de comprendre le monde, ils l’aident d’abord à se découvrir en tant qu’individu puis à entrer en contact avec l’extérieur.


Vivre pleinement les instants de jeu est une nécessité qui participe à son équilibre et à son développement global: être actif (bouger, manipuler) et non passif (face un écran) permet à l’enfant d’explorer le monde, d’acquérir des connaissances et donc de se construire. A travers les jeux, l’enfant découvre son environnement et se l’approprie, il cherche à donner du sens à ce qui l’entoure. On parle beaucoup du « jeu » mais en réalité il s’agit d’un important travail fourni par l’enfant, les jouets n’étant que les outils pour se construire.


Par le jeu, l’enfant découvre qui il est, ses goûts et préférences « Quels jeux me plaisent ? Quels jeux me correspondent ? ». Il découvre aussi les autres, apprend à décoder leurs émotions, leurs réactions et à les comprendre. Le jeu lui permet de savoir avec quels camarades il aime partager, avec quelles personnes il a du plaisir à être ou non, et pourquoi.



S’adapter aux règles

Grâce aux jeux, l’enfant découvre qu’il existe des règles à suivre. Les jeux sont un excellent moyen d’entrer dans les consignes de façon ludique, il y découvre les instructions et les conditions pour faire fonctionner un jouet ou pour participer à un jeu de société par exemple. Pour le plaisir de faire une partie de foot, l’enfant s’adapte naturellement aux règles et cela contribue à le structurer tant sur le plan individuel que dans sa vie en collectivité. Mais avant de pouvoir le faire vraiment, il les contournera ou inventera les siennes pour son plaisir ou pour ne pas affronter l’échec. Grâce à votre soutien, il va apprendre à perdre sans s’effondrer, il va apprendre à rebondir et persévérer.



L’acquisition de compétences

Comme nous venons de le voir, le jeu permet à l’enfant de comprendre le monde et de s’approprier son environnement. Au-delà du plaisir que cela lui procure, le jeu est pour l’enfant une activité très sérieuse : il joue pour apprendre, comprendre, rechercher, poser des hypothèses et les vérifier, etc. Les jouets et les livres que nous allons présenter aux enfants, notamment les plus-petits, doivent donc les aider à s’ancrer dans la réalité et à s’adapter au monde qui les entoure. Veillons à choisir des jouets qui tiennent compte des besoins réels de l’enfant, en évitant ceux qui le rendent passif, qui le sur stimulent ou qui lui présentent une fausse image du monde (les éléphants roses ou les voitures qui parlent n’aident pas le tout-petit à comprendre le réel). Je pense notamment aux jeux tout-en-un qui mélangent en un même objet de trop nombreux concepts que le bébé ne peut pas identifier (couleurs, formes, taille, matière, quantité). Favorisons plutôt les jouets simples, beaux, sensoriels qui permettent à l’enfant d’identifier un ou deux concepts à la fois qu’il pourra alors s’approprier. Un bon jouet est un jouet qui procure du plaisir avant tout et qui permet l’acquisition de compétences. Ainsi, demandons-nous toujours si ce nouveau jeu permet par exemple de développer les sens ou de favoriser la concentration, la patience, la persévérance, la mémoire, de créer et d’imaginer, de cheminer vers l’autonomie, d’améliorer la motricité fine ou globale, de comprendre un nouveau concept, de se socialiser, etc.



Jouer dehors

L’enfant a besoin d’espace, cela lui procure un sentiment de liberté. Le contact direct avec la nature est en effet une composante essentielle, la nature offre une source inépuisable d’émerveillement : la végétation, les insectes, les animaux, les saisons, la mer, les balades en forêt, etc. L’adulte peut aider l’enfant à aller la rencontre de ce monde «Tu as vu toutes ces fleurs jaunes? Ce sont des jonquilles, tu veux les sentir? – Tu as vu la coccinelle? Tu peux essayer de l’attraper si tu veux. – C’est la marée basse, on va voir si on peut observer des crabes.»


L’enfant aime jouer dehors pour exercer ses capacités physiques. Se dépenser physiquement l’aide à libérer ses tensions et contribue à développer la confiance en soi. Un enfant contraint qui ne peut exprimer sa vitalité risque d’être agité, anxieux.


Les structures de jeux que l’on retrouve au parc contribuent à développer l’enfant : monter, escalader, sauter, se balancer, se suspendre, s’agripper sont des compétences que l’enfant doit acquérir. Votre petit de deux ans est attiré par le grand toboggan? A trois ans il veut monter tout en haut de l’araignée? Si votre petit se sent capable d’essayer, accompagnez-le! Les phrases comme «tu es trop petit, tu vas tomber, c’est trop difficile pour toi» freinent l’enfant et lui font perdre confiance en lui. Il veut marcher sur la poutre en se tenant au cordage ? S’il se sent capable de faire par lui-même, soutenez-le, accompagnez par le regard, sans intervenir, il savourera sa réussite! Restez bien sûr à proximité, sans manifester votre inquiétude, il a besoin de savoir que vous croyez en lui! En cas de chute ou d’abandon, valorisez ce qui a été accompli, essayez: «tu as essayé, je t’ai vu monter à la poutre et avancer jusque-là, waouh c’était pas facile et tu l’as fait, tu peux être fier de toi», cela l’encouragera à recommencer.



Quels jeux?


Pour les plus petits

Les jeux que l’on va proposer à un enfant sont très variés : certains éveillent les sens (la musique, la danse, le théâtre, etc.) d’autres l’imagination, la créativité ou encore apprennent l’équilibre et la notion de l’espace (parcours motricité, jeux en extérieur).


Dans les tout premiers mois de sa vie, le bébé découvre son corps et son environnement proche. Ses mouvements, ses sons, ses contacts avec l’adulte et le contact de son corps avec les objets lui procurent des sensations corporelles qu’il emmagasine.


Ensuite, le tout petit va découvrir puis apprivoiser le jouet avec sa bouche, ses mains, ses pieds qu’il utilisera d’ailleurs comme jouets dans un premier temps. Puis ce sera son corps tout entier qui participera au jeu. L’exploration par la bouche est une étape que l‘enfant traverse, il ne peut pas y échapper, alors veillez à sécuriser l’environnement et à proposer des objets qui ne présentent aucun danger.


Plus tard, il expérimentera et découvrira ses capacités motrices. Il va ramper, se tenir assis, marcher à quatre pattes, se hisser, se mettre debout. Il apprendra à contourner ou franchir les obstacles qui se présenteront devant lui.


Pour les plus petits vous pouvez aménager un coin jeu à même le sol, sur un support suffisamment confortable, et disposer des jouets de façon éparse à proximité de l’enfant, trois ou quatre sont suffisants. Veillez à ne pas les installer trop près pour ne pas gêner ses mouvements mais pas trop loin pour qu’il puisse les attraper. Il sera intéressant pour l’enfant de retrouver ces mêmes objets, afin qu’il puisse terminer son exploration d’un moment d’éveil sur l’autre.


On voit souvent les plus jeunes davantage intéressés par l’emballage que par le jouet lui-même, c’est dire si le choix de jouets est vaste à cet âge! Les jeux ne nécessitent pas forcément beaucoup de dépenses. L’utilisation des « objets de récupération » ont un intérêt indéniable, et qui plus est, pour presque rien! Une bouteille en plastique, de gros bouchons de lait ou de crème de couleur, des éléments naturels comme des noix, de gros marrons ou des coquillages sont une source inépuisable d’amusement. De douces papouilles sur le ventre, jouer à cache-cache derrière ses mains, danser dans vos bras, jouer à la «bébête qui monte», le son de votre voix et ses modulations lorsque vous racontez une comptine ou bien les chansons accompagnées de gestuelles feront aussi son bonheur!


A travers ses mouvements et ses manipulations le petit mémorise des informations de toutes natures (tactiles, auditives, visuelles, olfactives et même gustatives!). Il acquiert des connaissances sur la qualité des objets (poids, taille, matière, etc.) et leurs propriétés (rouler, tenir debout, faire du bruit, etc.). Les jouets doivent permettre l’éveil sensoriel, être en bon état, pas trop petits, légers et manipulables facilement pour lui permettre d’agir seul:


- Les livres dès le plus jeune âge pour développer déjà le goût de la lecture pour l’avenir (en tissu au début ou plastifiés pour le bain) en favorisant des livres d’images tirées du réel.


- Des jouets en tissu (peluches sans petits éléments pouvant se décrocher, petits coussins aux textures variées, carrés de tissus différents)


- Des anneaux, des hochets de formes, de matières et de couleurs différentes


- Des petites balles de préhension, des balles hérisson, molles ou dures, etc.


- Des bâtons de pluie, des petites maracas


- Des jouets avec des grelots


- Des objets en caoutchouc souple, à mordiller


- Des jouets roulants solides (voiture en bois avec une préhension facile par exemple), des jouets plats (cartes plastifiées), etc.


- Des jouets qu’il peut plier, jeter, lancer, écraser, malaxer, secouer, taper, enfoncer, etc.


- Des jouets pour explorer le plein et le vide, les creux et les bosses, le dedans et le dehors, etc.



De la marche à 2 ans

Avec la marche, l’enfant qui a beaucoup appris (sur son corps et son espace) voit son champ d’exploration s’ouvrir à lui! Sa grande mobilité lui permet d’accéder à ce que jusque-là il convoitait.


Il aime les activités qui mettent en jeu tout son corps, il est attiré par les objets volumineux, plus lourds. Avec son équilibre acquis, il exerce sa force en poussant et tirant les objets, en montant dessus ou en se mettant dedans.


A cet âge l’enfant aime remplir et vider des contenants, il aime emboîter, renverser, superposer, regrouper des objets (de même nature par exemple), il aime reproduire des situations de la vie quotidienne (manger, téléphoner, câliner, etc.).


Vous pouvez lui proposer :


- Des contenants : seaux, paniers, coupelles, etc.


- Des objets qui favorisent l’imitation: chapeaux, sacs, poupées, lunettes, etc.


- Des objets à assembler, trier, transporter, transvaser, renverser: petites voitures, grosses perles à emboîter, éléments de dînette, animaux, blocs de construction (certains blocs sont adaptés pour les petits dès un an), cubes, gros bouchons de bouteille, bouchon de liège (sous surveillance toujours), etc.


- Des jouets à tirer, un chariot à pousser (stable et solide), un porteur ou un tricycle (à pousser et à conduire), une petite poussette


- Des boîtes gigognes, des poupées russes, des boîtes à formes, des jeux pour faire apparaître et disparaître comme le tap-tap.


- De gros jetons à glisser dans une fente type tirelire, des cotons tiges à insérer dans un flacon à épices, des placards à ouvrir et fermer pour y mettre toutes sortes de trésors, etc.



De 2 à 3 ans

A cet âge l’enfant prend toujours autant de plaisir à bouger et est désormais à l’aise pour sauter, courir, grimper, escalader, se suspendre. Son langage se développe rapidement et par le jeu symbolique, il va mettre en scène ses émotions pour chercher à les maîtriser. En rejouant les scènes de la vie quotidienne, notamment celles fortes émotionnellement, l’enfant cherche à comprendre les situations et les sentiments qui y sont liés. En reproduisant ces scènes vécues, il va revivre ou prolonger des moments agréables, compenser ses frustrations, décharger les tensions vécues lors de situations désagréables et intégrer les règles.


L’enfant est également plus à l’aise manuellement, il aime manipuler, transvaser, enfiler, empiler, construire et déconstruire, encastrer. Il aime laisser des traces avec des jeux de création par exemple, qu’il ne détruit pas immédiatement. Les constructions deviennent plus complexes intégrant des animaux, des personnages.


Si ce n’était pas déjà le cas, l’enfant de cet âge est attiré par les activités de la vie quotidienne auxquelles il participe volontiers: passer l’éponge, mettre la table, sortir le linge de la machine à laver, etc. Il se sert de ses jouets mais aussi des objets usuels qui sont à sa portée (chiffon, balai, chaussure, sacs, etc.)


Vous pouvez lui proposer :


- Des jeux d’eau: entonnoir, bouteilles à remplir, moulin à eau, récipients de différentes formes et tailles, etc. L’enfant aime manipuler l’eau au-delà du bain.


- Des jeux d’imitation, symboliques: poupées, peluches, dînettes, valise de médecin, bonhommes, déguisements, animaux, voitures, etc.


- Des activités de manipulation: argile, pâte à modeler, pâte à sel, une maison de serrures, ciseaux à bout rond, coller des gommettes, de grosses perles à enfiler sur un fil, des jeux de tri, etc.


- Des jeux de construction: cubes, duplo, kapla


- Des jeux d’association: associer les couleurs, deux images identiques (mémo, loto), une image et une forme, jeux d’encastrement (puzzle avec gros bouton de préhension), maxi-coloredo, etc.


- Un circuit de train, un garage


- Des instruments de musique



Quelque soit son âge…


Favoriser la concentration

Il est important de laisser l’enfant faire une activité en l’observant, sans intervenir ou le conseiller sans cesse, se tromper fait partie de l’apprentissage! Par essais et par erreurs, l’enfant découvre par lui-même comment enfiler les anneaux autour d’une tige par exemple. Laisser l’enfant expérimenter, surmonter une difficulté, le laisser concentré, sans lui apporter notre aide, développe la confiance en soi. Porter secours à l’enfant alors qu’il ne nous l’a pas demandé lui fait perdre confiance en ses capacités. L’observer en silence et ponctuer la fin d’un «tu as réussi à faire ce que tu voulais, tu dois être fier de toi» est suffisant et très encourageant pour la suite. Bien sûr, si l’enfant demande votre intervention, montrez-lui comment faire avec douceur et encouragements. De la même manière on laissera place à l’innovation sans imposer de règles, l’enfant peut tout à fait trouver une autre utilisation au jouet qui vient de lui être proposé.



Jouer avec l’enfant

Prendre du plaisir à jouer avec son enfant est bénéfique pour lui. L’enfant aime partager, vous montrer ce qu’il sait faire, expérimenter avec vous. Ces moments doivent rester un plaisir pour tout le monde, partagez des activités qui vous plaisent à tous les deux! Il veut jouer au théâtre de marionnettes mais vous n’aimez pas ça? Proposez-lui un jeu dans lequel vous allez prendre du plaisir, car si vous jouez par devoir l’enfant va le sentir et vous risquez tous les deux de passer un moment désagréable.


Le jeu doit rester un moment de partage, de complicité, d’intimité. Diriger le jeu, faire respecter les règles de manière autoritaire ou profiter de ce moment pour faire passer des messages/des morales, stressent l’enfant. Il y a de fortes chances pour qu’il se mette en colère, frustré de ne pas pouvoir savourer votre présence.


Souvent, dans ces moments privilégiés, en partageant avec votre enfant ce qu’il aime, ce qui l’intéresse et le motive, il se sent bien et apaisé. Sa parole est libre: il va bien sûr exprimer ses joies mais aussi parfois ses doutes ou ses inquiétudes. Le souvenir de ces moments de bonheur s’imprime en lui et lui donne le goût de vivre.



Quelques incontournables…

Bien connaître son enfant, être attentif à ses centres d’intérêt permettra de lui proposer les jouets qu’il convoite le plus en ce moment tout en lui apportant de la nouveauté pour son évolution.


Quel que soit l’âge du jeune enfant, certains jouets devraient toujours être mis à sa disposition. Un enfant qui ne s’intéresse pas au dessin à trois ans peut avoir envie de s’y mettre à 5 ans. Ainsi devraient toujours être dans l’environnement de l’enfant quelques incontournables tels que des livres, des feuilles et des crayons, un ballon, une poupée à câliner, une peluche, un instrument de musique, des bonhommes, une dînette, des petites voitures, des blocs de construction, etc.


La diversité des objets doit primer sur la quantité. Présenter les jouets sur une étagère accessible ou à même le sol, rangés, permet à l’enfant de choisir librement ses activités et lui donne envie d’explorer. Lui seul sait quel jouet lui correspond le mieux à cet instant précis! Aller chercher ce qu’il désire sans solliciter l’adulte contribue à l’émergence de son autonomie et augmente ses chances de concentration puisque son intérêt est éveillé. Un gros sac où tous les jouets seraient mélangés n’est pas très attirant, même si parfois il prendra plaisir à tout vider.


Gardons en tête que les classes d’âge n’ont qu’une valeur indicative et qu’un jouet peut tout à fait éveiller l’enfant même si l’objectif n’est pas atteint. Il n’y a pas d’obligation de résultat, procurer de la joie est essentiel. Un jeu peut tout à fait être proposé à plusieurs stades du développement de l’enfant, mais n’aura pas la même utilité à 2 ans qu’à 3 ans par exemple.


Et rappelons-nous que tous les enfants ne développent pas une même compétence au même moment. Chacun suit son propre rythme, et un enfant qui n’est pas attiré par tel jeu peut l’être quelques mois plus tard car en ce moment il est tout entier dédié au développement d’une autre compétence.


Par Cecilia Bataller


 

Vous aimeriez échanger autour de cette thématique? En savoir davantage sur le développement de l'enfant? N’hésitez pas à me contacter pour voir en quoi et comment je peux vous aider.


Infos et rdv: info@leurpetitmonde.fr

Web: leurpetitmonde.fr

Comments


Commenting has been turned off.
bottom of page