Laurent se met à hurler parce que vous lui avez servi de l’eau alors qu’il voulait le faire
Marie ne veut prendre le bain qu’avec maman ce soir
Stéphane veut mettre ses sandales alors qu’il pleut dehors
Julie se roule par terre quand papa lui refuse quelque chose
Rose se débat et tape quand maman la met dans la poussette
Ces scènes vous parlent ? Il y a des jours où vous êtes agacés voire inquiets par les fameux «caprices» de vos enfants ? Vous êtes débordés par les cris, les tapes, leurs colères, leurs exigences futiles ? Votre quotidien est tout sauf agréable? Pour sortir des batailles quotidiennes et mettre fin à la lutte de pouvoir, nous allons éclairer ces conduites exaspérantes.
Qu’est-ce qu’un caprice ?
Nous appelons souvent « caprices » les réactions de l’enfant qui nous dérangent, celles qu’on ne comprend pas, les manifestations bruyantes (cris, pleurs, colères) quand nous posons des limites, lorsqu’ils réclament quelque chose à tout prix. Bien souvent, ce terme nous empêche de voir ce qui se passe vraiment chez l’enfant et d’apporter une solution adaptée.
Nous qualifions de « caprices » de nombreux comportements qui en réalité sont des conduites compréhensibles de l’enfant, des attitudes normales étant donné le développement de son cerveau. Rappelons que le jeune enfant n’a pas les capacités intellectuelles pour manipuler, tester ou « chercher » son parent car cela demande une évolution du cerveau qu’il n’a pas atteinte. Vous le remémorer en cas de tempêtes émotionnelles vous aidera à relativiser!
Mais alors que se passe-t-il ?
Bien que le comportement de nos enfants ne cherche pas à nous nuire, il n’est pas non plus le fruit du hasard. Il y a bien en effet quelque chose qui amène l’enfant à se comporter ainsi. Face à une colère, un débordement imminent de notre part, prenons une seconde pour nous demander :
« Que se passe-t-il ? »
Besoins insatisfaits :
Si l’un des besoins primaires de votre enfant n’est pas satisfait, il ne sera pas capable d’avoir un comportement satisfaisant. La faim, la soif, la fatigue ou le besoin d’être en lien avec vous sont des besoins essentiels et il est prioritaire d’y répondre pour qu’il puisse retrouver une attitude qui vous convienne.
Au retour de l’école, votre petite Léa vous demande de lui acheter un jouet ? Vous refusez et elle hurle, se roule par terre ? Vous cherchez à la raisonner, lui expliquer les choses avec calme mais elle reste inconsolable voire incontrôlable ? Votre refus n’est probablement que le déclencheur de cette crise, elle n’a pas besoin du jouet (elle peut en avoir envie par contre) mais elle a sûrement un besoin insatisfait. Cette crise lui permet d’attirer votre attention sur quelque chose qui ne fonctionne pas pour elle, elle n’a pas encore la maturité cérébrale de communiquer autrement ! Posez-vous alors la bonne question : « que se passe-t-il? », est-ce qu’elle est fatiguée?, cherche-t-elle à être en lien? Son réservoir d’amour est-il plein? Quel autre besoin peut ne pas être satisfait? Ou est-ce une décharge de tensions?
Décharge de tensions :
Avez-vous remarqué que souvent les bébés, alors qu’ils sont dans un lieu bruyant, s’endorment avec une facilité déconcertante ? On se demande souvent comment ils font pour rester endormis avec tout ce bruit ! Face à trop de lumières, de sons, d’agitation, le cerveau des tout-petits se déconnecte et ils s’endorment, incapables de faire face à tant de stimuli.
Pour les plus grands, un excès de stimulations comme peut l’être un supermarché, un centre commercial ou une fête de famille (l’agitation, les odeurs, les couleurs, les tentations..) surcharge le système nerveux de l’enfant qui va chercher à se décharger des tensions accumulées. Il veut le paquet de bonbon qui est à la caisse et votre refus déclenche une «crise» ? Ces bonbons ne sont qu’un prétexte, un déclencheur, l’enfant est tout entier envahi par les hormones du stress et trouve là l’occasion de libérer son trop plein de stimulations accumulées jusque-là. De cette manière, il cherche à se calmer et à reprendre le contrôle face à un excès de sollicitations.
Il est également très frustrant pour nous parents, après notre journée de travail, de ne pas savourer les retrouvailles avec notre petit comme on l’attendait. Après une longue journée d’adaptation loin de vous, à votre retour, votre petit peut vous réserver sa décharge de tensions par des cris, des oppositions, des pleurs... Trop de frustrations accumulées, d’émotions traversées trouvent avec vous l’occasion d’être libérées. Il est en confiance avec vous, il peut enfin se permettre à votre côté de libérer tout ce stress emmagasiné.
Recherche de stimulation :
Les enfants bougent beaucoup, ils arrivent difficilement à rester en place dans une file d’attente, à table au restaurant, en voiture. Bouger est un réel besoin, avant 6 ans les enfants sont « remuants », ils n’ont pas encore les capacités neuronales pour rester immobiles trop longtemps. Un enfant qui vous tire le bras ou part en courant alors que vous attendez votre tour, qui court autour de vous alors que vous vous êtes arrêtée pour discuter avec une amie répond à son besoin de mouvement. Proposer à votre enfant une occupation qui répond à son besoin et qui en même temps vous convient vous aidera bien plus que le simple «attends!».
Comportement naturel de l’enfant :
Il peut nous arriver de penser que notre enfant fait exprès de se comporter comme il le fait. Pourtant la cause des comportements que nous observons ne peut pas se réduire à la seule mauvaise volonté des enfants. Votre enfant se comporte comme un enfant, comme tous les enfants, et c’est un comportement normal. C’est fatigant, frustrant, difficile pour vous mais normal car lié à son immaturité cérébrale.
On considère donc normale l’attitude d’un enfant..
Qui petit se réveille un nombre incalculable de fois la nuit (même à un âge avancé)
Qui ne respecte aucun interdit à un an
Qui fait exactement ce que vous venez de lui interdire à 18 mois
Qui à 2 ans (et plus !) hurle quand vous vous éloignez
Qui à 2 ans (et plus!) se roule par terre ou tape suite à une frustration
Qui découpe les rideaux ou dessine sur les murs de la maison à 3 ans
Qui à 4 ans se vante de ce qu’il a fait ou de ce qu’il a
Qui met un temps fou à s’habiller à 5 ans
La difficulté pour l’enfant à gérer ses émotions, ses réactions impulsives, de colère, de peur voire d’agressivité ne sont pas des caprices mais sont des réactions non intentionnelles que l’enfant ne peut pas encore contrôler. Le petit enfant n’est pas « mauvais », il a seulement un cerveau immature qui le pousse à réagir « instinctivement » lorsqu’il se sent menacé, en danger ou que ses besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits. Cette réaction échappe au champ de la raison. Il ne peut pas encore la contrôler, la maîtriser. Ses actions ne sont pas réfléchies. Jusqu’à 5/6 ans l’enfant ne peut pas analyser la situation et se raisonner, ses émotions provoquent en lui, de façon totalement involontaire, des moments de colères intenses, des gestes violents (taper, tirer les cheveux, mordre…).
Difficulté relationnelle :
Une éducation autoritaire ou au contraire trop permissive, une communication non adaptée, une exposition excessive aux écrans peuvent aussi être à l’origine de comportements indésirables.
L’acceptation
Vous avez l’impression que votre petite Laura vous cherche, chouine « pour un rien » et cela vous exaspère ? Gardez en-tête que ce n’est pas son intention mais la conséquence de son comportement d’enfant !
Aussi étrange soit leur comportement, les enfants ne se conduisent pas «mal», ils cherchent à répondre à leurs besoins, ils agissent pour eux-mêmes et non pas contre l’adulte. Bien souvent, c’est en modifiant notre attitude, en acceptant l’idée que le problème ne vient pas de l’attitude de l’enfant mais de notre réaction face à son attitude que nous allons pouvoir sortir du conflit et apporter une réponse adéquate (non fondée sur le pouvoir) qui mettra un terme au comportement désagréable.
Alors on doit tout leur laisser passer, répondre à toutes leurs exigences ? Et l’enfant roi dans tout ça ? Accepter l’idée que nos enfants n’agissent pas pour nous nuire ne signifie pas que nous devons accepter tout ce qu’ils font. Nous avons aussi nos besoins et parfois l’attitude de nos enfants peut, malgré eux, nuire à notre bien-être. Les enfants sont plein de vitalité, ont plein de désirs, de souhaits, demandent beaucoup de temps et d’énergie, et ne savent pas ce qui est raisonnable ou non. Ils ont tout à apprendre du monde qui les entoure. Nous allons donc leur montrer le chemin, les guider vers des comportements acceptables, leur transmettre des valeurs, des repères, le tout avec patience et douceur.
Que faire ?
Accueillez l’émotion, guidez le comportement
Lorsque l’enfant est débordé par ses émotions, nous allons d’abord gérer le pic émotionnel, par notre présence silencieuse, notre calme, notre regard, nous allons aider l’enfant à sécréter de l’ocytocine, hormone anti-stress, et le faire revenir au calme. Nous allons être un miroir pour lui, s’il se laisse toucher câlinez-le, ayez des gestes tendres. Parler durant la colère est inutile, l’enfant ne peut pas vous écouter. Rester calme sans chercher à le raisonner est donc la première étape.
Et seulement après, une fois le calme revenu, nous allons revenir sur ce qu’il s’est passé, l’aider à mettre des mots sur les émotions qui l’ont traversées (tu étais très en colère c’est ça ? Tu étais frustré de ne pas pouvoir rester plus longtemps avec ton ami ? Je vois que c’est difficile pour toi). Bien souvent, le simple fait de se sentir compris et écouté met fin au comportement indésirable.
Plus tard encore, vous pourrez lui expliquer quelles attitudes il peut adopter à la place des comportements inappropriés qu’il a eus.
Cherchez le besoin de l’enfant
Comme nous l’avons évoqué plus haut, lorsque les enfants font quelque chose d’inacceptable, c’est pour satisfaire un besoin. Nous allons donc rester à l’écoute, les cris et les colères sont un moyen d’expression. A nous de décoder ce qui se cache derrière ! Les besoins évoluent avec l’enfant, certains sont plus importants que d’autres à certaines périodes de leur développement.
Si l’enfant a faim, soif, est fatigué ou se sent seul il y a de fortes chances pour qu’il adopte un comportement peu satisfaisant. Mais il existe un tas d’autres besoins ! Bien identifier les besoins de nos enfants va nous permettre d’anticiper certaines situations à risque, nous allons parfois aménager le terrain en amont pour nourrir le besoin avant même qu’il n’apparaisse et réduire ainsi les situations conflictuelles :
- se lever un peu plus tôt le matin si votre enfant réclame à s’habiller seul (besoin d’autonomie)
- renforcer les moments de partage, d’échange, de câlins si votre petit vit un changement important comme la rentrée scolaire (besoin d’amour, de lien)
- enlever la décoration fragile si depuis quelques temps votre tout-petit essaye de l’attraper (besoin d’explorer, d’expérimenter)
- prendre du temps pour s’intéresser à ce que dit ou fait votre enfant (besoin d’attention)
- changer la couche du tout petit (besoin d’être changé)
- éviter le parc ou le supermarché après une journée riche en émotions (besoin de calme)
- revoir l’organisation du soir pour que votre petit puisse se coucher quand son train du sommeil passe (besoin de repos), etc.
Remplissez son réservoir d’affection
Être disponible pour son enfant, prendre du temps avec lui pour parler, se balader, jouer, faire des câlins est fondamental ! Quand les besoins de partage et de contact ne sont pas suffisamment remplis, l’enfant manifeste son manque voire sa détresse par des comportements excessifs, des crises de rage, des pleurs. Consacrez un temps de qualité à votre enfant, dans la mesure du possible tous les jours. Mettez-vous à sa hauteur, restez en contact visuel, jouez avec lui aux jeux qu’il aura choisis, laissez de côté votre téléphone ou la télé, soyez pleinement disponible ! Cela le nourrira d’affection et évitera bon nombre de difficultés.
Préparez le terrain
L’environnement dans lequel évolue l’enfant doit être à sa portée, l’aménagement de la maison doit permettre à l’enfant de faire les choses par lui-même, de répondre à son besoin de mouvement et d’exploration, sans danger.
Proposer à l’enfant un environnement simplifié et sécurisé évitera bon nombre de frustrations, comme par exemple :
- des ustensiles adaptés à son âge (petits couverts, verre incassable)
- un marche pied pour pouvoir se laver les mains seul
- une chaise sur laquelle il peut monter seul
- un lit duquel il peut sortir seul et sans danger
- des jouets à sa disposition, pour qu’il puisse les choisir seul (et qu’il évite de vous les demander à chaque fois)
- mettre des bloque portes pour éviter les doigts coincés
-ranger tout ce qui présente un danger (médicaments, objets contondants, etc.)
Un environnement moins stimulant
Votre enfant veut s’habiller seul mais cela prend un temps considérable le matin? Cela tourne en dispute au moment de partir pour l’école ? Les qualités d’attention chez un enfant sont très faibles, il lui est très difficile de forcer son attention sur une chose en laissant de côté le reste, ce qui l’entoure. Un enfant n’a pas non plus la mémoire de travail (pas encore !) et a donc des difficultés au moment de l’habillage par exemple, d’autant plus si celui-ci a lieu dans la chambre pleine de jouets à proximité. Favoriser l’habillage dans une pièce neutre et moins stimulante, (mais accompagné !) aidera votre enfant à aller au bout de sa mission.
Favoriser les activités calmes avant le coucher, éviter les stimulations extérieures (chatouilles, télé), lire des livres dans le calme, se préparer avec une lumière tamisée préparent à l’arrivée du sommeil.
Rendre l’environnement de l’enfant moins stimulant permet d’éviter certaines difficultés.
Un environnement plus stimulant
Comme nous l’avons évoqué précédemment, un cerveau qui n’est pas occupé risque de trouver une occupation qui n’est pas de votre goût. Alors, pour éviter cela, proposez des activités intéressantes, qui rendent votre enfant acteur ! Gardez à disposition de votre enfant quelques incontournables vers lesquels il peut se diriger : des crayons et du papier, une poupée à câliner (pour les garçons et les filles !), des blocs de construction, des petites voitures, un petit instrument de musique, un établi avec des outils, des personnages type Playmobil, un déguisement, etc. Proposez lui des activités à faire ensemble : de la pâte à modeler ou de l’argile, une partie de ballon, cuisiner, chanter, danser et bien d’autres !
Si vous avez la possibilité de leur consacrer un endroit dans lequel en toute sécurité ils sont libres d’explorer, c’est encore mieux ! Un espace dédié dans leur chambre, un bout de jardin où l’enfant peut bouger, sauter, explorer en toute liberté.
Si vous êtes à l’extérieur et que votre enfant se dirige vers une activité qui ne vous plaît pas (courir dans les rayons du supermarché par exemple), donnez-lui une mission pour l’aider à canaliser son énergie positivement, à focaliser son attention sur ce que vous avez choisi. Votre enfant peut par exemple être en charge de choisir les pommes à mettre dans le caddie.
Maintenez vos routines
En adoptant des routines, l’enfant sait à quoi s’attendre, l’environnement est prévisible et cela le rassure. Une fois les routines acceptées, il est plus facile pour vous de les faire suivre, sans risquer l’opposition.
Privilégiez la relation
Aujourd’hui votre petit n’a pas envie de prendre le bain, il est occupé tout entier à jouer dans sa chambre au jouet qu’il vient de recevoir? Est-ce si grave si aujourd’hui il ne se lave pas ? Evaluez les situations qui se présentent à vous et adaptez-vous si besoin.
Vous êtes les seules personnes à connaître aussi bien votre enfant, restez à son écoute et dans la mesure du possible ne vous laissez pas guider par le regard des autres, les critiques voire les conseils pas toujours bons ! Même lorsque votre petit fait une crise en pleine rue et que les passants vous regardent, tenez bon ! Privilégiez toujours la relation et gardez en tête que vous accompagnez votre enfant dans ce moment difficile pour lui.
Soyez patient
Souvenez-vous que les débordements des enfants sont liés à l’immaturité de leur cerveau et que ces comportements cesseront naturellement. Nous avons tendance à dire « non » à tout bout de champ, à ce qui bien souvent n’est pas une demande. Ces « non » là créent des frustrations inutiles et des difficultés supplémentaires.
Il est bien sûr nécessaire parfois de savoir refuser les véritables demandes des enfants, une fois vérifié qu’il ne s’agit pas d’un besoin caché. Dans ce cas, si votre refus est légitime, apprenez à dire « non » et à poser des limites avec bienveillance. Vous ne ferez pas l’impasse sur les pleurs ou les colères car l’enfant a le droit d’être en colère lorsqu’il est frustré, c’est une émotion naturelle, nécessaire ! L’enfant doit apprendre à accepter ses frustrations et à gérer ses colères et pour cela il doit pouvoir être libre de les exprimer sans que la relation avec son parent soit menacée. Dans le cas contraire, l’enfant risque de transformer cette colère en violence ou bien de se replier sur lui-même. Montrez à votre enfant que vous l’aimez sans conditions.
Prenez soin de vous
Nos réactions face aux comportements de nos enfants en disent long sur notre état. Apprenez à vous connaître, à détecter vos besoins insatisfaits (fatigue, besoin de calme, de temps pour soi, etc.) et essayez d’en prendre soin.
Après votre journée de travail, votre enfant apparaît dans le salon en jouant du tambour, aujourd'hui vous êtes fatigué et n'avez pas du tout envie de supporter ce bruit alors qu'hier vous étiez plein d'entrain et avez même pris la guitare pour l'accompagner! Pour un même comportement, notre réaction peut changer du tout au tout selon l’état dans lequel nous nous trouvons et pourtant l’enfant, lui, n’aura pas changé ! Vous sentez que vous allez déraper ? Vite, dans la salle de bain ou dans la cuisine ! Prenez deux minutes pour souffler, pouvoir revenir plus calme, et évaluer la situation. Votre réaction influencera la suite des événements.
Et s’il vous arrive de perdre votre contrôle, sachez vous excuser auprès de votre enfant et expliquer pourquoi vous avez sur réagi. Il a besoin de savoir que vous regrettez et que votre amour pour lui n’a pas changé.
Par Cecilia Bataller
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