Léo a cassé son jouet
Cette année, Justine n’est pas dans la même classe que sa meilleure amie
Marc voulait sortir au parc rejoindre ses copains mais il s’est mis à pleuvoir
Lou n’a pas été invitée à l’anniversaire de Margaux
Aujourd’hui le papa de Jacques n’a pas le temps de jouer
La maman de Pierre s’occupe beaucoup du nouveau petit-frère depuis qu’il est né
Ludivine a perdu au Monopoly
Ces situations vous rappellent quelque chose ? Elles sont somme toute assez courantes dans la vie d’un enfant, elles sont à l’origine de petites ou grandes déceptions.
Les réactions qui les accompagnent (les pleurs ou les cris) peuvent nous paraître démesurées «Mais ne pleure pas comme ça, c’est juste un jeu, la prochaine fois tu gagneras j’en suis sûre». Parfois nous considérons qu’il n’y a pas lieu d’être triste « Sois pas triste comme ça enfin, tu les verras à l’école demain tes copains ». D’autres fois encore nous évitons de faire face à la peine ressentie, nous cherchons alors à éviter le sujet « Ne t’inquiète pas, une fille sympa comme toi, tu t’en feras pleins d’autres des copines ».
Nos réactions face à la tristesse des enfants sont très variées, elles sont le reflet de nos difficultés (ou non) à gérer cette émotion. Mais pourquoi est-ce parfois si difficile d’accompagner les larmes ?
Les larmes, synonyme de douleur ?
« Ne pleure pas ! - Allez sèche tes larmes, c’est rien. – Ca pleure pas les grands garçons comme toi. – Ne t’inquiète pas on ira en acheter une autre. – Sois pas triste ! »
La majorité d’entre nous a déjà entendu ses phrases, parfois elles nous étaient destinées enfants ! Les larmes de l’enfant nous émeuvent et nous supportons mal de le voir pleurer. Pourquoi ? Car nous associons les pleurs à la douleur, un enfant qui pleure c’est un enfant qui a mal, qui souffre. Alors dans une tentative réparatrice, nous cherchons à faire taire ses pleurs. Mais va-t-on pour autant lui ôter sa douleur s’il ne pleure plus ? Bien sûr que non ! Les larmes sont nécessaires, elles sont la première étape dans le processus de guérison.
Le rôle des pleurs
Après une déception, pleurer « un bon coup » fait du bien, les larmes nous soulagent, même pour nous adultes. Pour un enfant, avoir la possibilité de pleurer dans les bras de quelqu’un qui sait accueillir sa tristesse, sans la minimiser, sans essayer de l’en détourner, sans le juger ou le conseiller, est précieux. C’est vrai, c’est difficile de voir un enfant pleurer mais en tant qu’adultes nous pouvons faire face à ses larmes, il serait injuste de les réprimer simplement parce que nous ne savons pas comment les gérer !
Toutes les émotions font partie de notre vie, elles sont la vie, que serait notre existence si nous étions privés d’émotions ? Au même titre que la joie, la tristesse a besoin d’être exprimée et écoutée.
Un enfant qui n’a pas le droit de pleurer ne s’endurcit pas, bien au contraire ! Il est fragilisé, parfois toute sa vie, car il a gardé sa tristesse au fond de lui, il refoule ses larmes pour faire plaisir à papa ou maman, il ne montre pas qu’il a mal mais pourtant c’est bien le cas! Bloquée, cette douleur refera surface plus tard, parfois longtemps après et se présentera sous diverses formes : violence, échec scolaire, dépression, amitiés toxiques ou mariages malheureux etc. Aux yeux de tous, il aura sûrement l’air d’un petit costaud mais intérieurement il sera abîmé, se sentira seul et déconnecté de ce qu’il ressent. Une partie de son énergie psychique va être déployée pour surmonter ce mal-être et c’est autant d’énergie en moins qu’il aura pour s’épanouir, travailler à l’école, etc. Et que dire des effets à long terme? Comment quelqu’un que nous n'avons pas laissé pleurer pourrait être à l’écoute des larmes de ses enfants, de son conjoint ? Considérer que l’émotion est une faiblesse est loin d’être une vérité. Un enfant à qui on laisse la possibilité de s’exprimer, d’être en adéquation avec ce qu’il ressent traverse la douleur, apprend à y faire face, elle ne le détruit pas mais le rend plus solide.
Alors comment accompagner la tristesse ? Comment réagir quand notre enfant traverse des déceptions ? Je vous propose un plan en quatre phases pour l’accompagner sereinement.
Restez calmes
La déception peut entraîner chez l’enfant des émotions fortes : cris, pleurs, colères, etc. La première chose à faire sera donc de rester calme et ne pas se laisser « contaminer » par l’émotion. Par le ton de votre voix, votre gestuelle, vous allez aider votre enfant à s’apaiser.
Restez à l’écoute
Pour laisser libre cours à ses pleurs, l’enfant a besoin de sentir que vous les acceptez. Ne cherchez pas à comprendre immédiatement ce qu’il se passe, il a d’abord besoin d’être écouté et soutenu dans ce moment difficile. Si sa tristesse débouche sur une tempête émotionnelle, restez présent, disponible, accompagnez-le par le regard. Si votre enfant se laisse approcher, prenez-le dans vos bras et soutenez-le : « Pleure mon trésor, tu peux pleurer autant que tu veux, je suis là et je t’écoute. »
Mettez des mots sur son ressenti
Si vous avez clairement identifié la situation, verbalisez-la par des mots simples tels que : « Tu es triste d’avoir… C’est dur pour toi de… C’est difficile de…»
Si pour vous la cause ou l’émotion ne sont pas claires, faites une hypothèse : «J’ai l’impression que tu es triste de…, c’est bien ça ? Tu as l’air triste de…n’est-ce pas ?»
Si vous n’avez pas connaissance de la situation, posez des questions ouvertes. Favorisez le «Qu’est-ce qui se passe?» plutôt que le « pourquoi ? » qui semble remettre en question l’émotion plutôt que d’être à son écoute.
Parfois la déception naît d’un interdit que vous avez fixé. Si votre refus est légitime, maintenez-le, restez cohérent, les larmes ne doivent pas vous empêcher de construire un cadre cohérent. Votre enfant est déçu de ne pas aller dormir chez un copain alors que demain il a examen à 8h ? Acceptez sa déception, mettez des mots sur la situation, expliquez votre position et voyez quelle solution il peut trouver !
Accompagnez-le dans sa recherche de solutions
Une fois que la tristesse a pu être exprimée et que vous avez suffisamment échangé sur la situation, vous pouvez aborder les solutions. Vous pouvez lui poser des questions comme :
- « Qu’est-ce que tu peux faire pour… ?
- De quoi as-tu besoin pour aller mieux ?
- Est-ce que tu as une idée pour… ?
- Qu’est-ce que nous pourrions faire pour… ?»
Pour les plus petits vous pouvez les guider davantage dans leur recherche :
- « Qu’as-tu essayé jusque-là ?
- Est-ce que ça a fonctionné ? (Posez cette deuxième question même si l’enfant vous a répondu « rien » à la précédente, cela l’aidera à se mettre en marche)
- Que peux-tu essayer d’autre ? »
Encouragez-le dans cette dernière étape sans imposer vos solutions. L’enfant doit essayer de trouver par lui-même une issue, il apprend à rebondir plutôt que s’effondrer.
Parfois il n’aura pas besoin de cette dernière étape, le simple fait d’avoir pleuré et de se sentir soutenu suffira. Il pourra passer à autre chose, il aura accepté sa déception.
Souvenez-vous que…
Savoir faire face aux épreuves qui jalonnent la vie contribue au bonheur ! Votre soutien aujourd’hui est un précieux cadeau pour l’avenir : un enfant épaulé dans ses émotions prendra l’habitude de les extérioriser, il n’en aura pas honte, il apprendra à les accepter et à les surmonter. Ecouter sa tristesse, sans faire appel à la morale ou à la raison, l’aider à rechercher des solutions permettra à votre enfant de traverser ces moments désagréables et de rebondir.
Par Cecilia Bataller
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